Iles artificiels avec du roseau et su saule au rive du lac Léman à Lausanne

Lausanne Jardins 2024

Concours d’idées 2023. Notre projet “Paysage disparus : les îles-Forel” est sélectionné pour la réalisation dans le cadre de la manifestation Lausanne Jardins 2024

Projet par Nancy Cooling, Ralf Steeg, Maude Sauvage, Bernard Cherix, Sara Gerber et Ivo Stotz

Les eaux peu profondes et les zones humides comptent parmi les habitats les plus riches pour la biodiversité. Importants et indispensables, ces paysages sont des liens et des passerelles entre l’eau et la terre. Pour beaucoup d’espèces de poissons et d’amphibiens, ce sont des abris et des aires de repos. Ils offrent aux oiseaux des lieux protégés pour la reproduction et beaucoup de plantes s’y implantent. Grâce à leur énorme capacité d’évaporation, ils purifient l’eau comme un filtre naturel tout en embellissant le paysage.

Entre le lac Léman et la Ville de Lausanne, ces zones autrefois présentes sont aujourd’hui presque inexistantes. Avec des remblais, du drainage et l’imperméabilisation des sols, la ville s’est étendue et a formé un environnement construit aux dépens de la nature, dans lequel il n’y a plus de place pour les zones humides autrefois présent. Les champs de roseaux sont devenus des ports, les forêts marécageuses d’aulne se sont transformées en lieu d’habitation et les zones d’eau peu profonde sont devenues des routes.

Sur plus de 150 kilomètres de la côte du Léman, ces écosystèmes manquent presque complètement et – à quelques exceptions près – ne se trouvent plus que dans la réserve naturelle des Grangettes. De manière générale, des remblais rocheux écologiquement pauvres et des murs en béton dominent aujourd’hui le littoral lausannois. L’utilisation actuelle des rives, les vagues, les courants et le manque de substrat fin rendent difficile la renaturation et la succession naturelle.

En réponse à la destruction de ces espaces et aux crises multiples de la biodiversité, du climat et de l’environnement, nous proposons une intervention biologique dans l’eau: autour d’un des dix épis rocheux de la plage de Bellerive viennent s’installer plusieurs petites îles formant des zones humides, rappelant la disparition de la nature et notre nécessité d’agir. A cet endroit où des écosystèmes ont disparu, nous voulons recréer des espaces pour la nature. Sur des surfaces construites et idéalisées peut se développer ce qui aurait pu être déjà là autrefois. Cette intervention initie la création d’habitats manquants et incite la nature à se réapproprier ses espaces.

La question qui se pose: comment peut s’effectuer une renaturation, qui répond aux intérêts de la protection de la nature et aux intérêts de l’homme ? Comment un environnement construit, qui s’est développé pendant des siècles, peut satisfaire les besoins de protection de la nature et, dans le meilleur des cas, augmenter l’effet récréatif ?